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Double Je(u)
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7 mars 2013

XX–Matin de mes rêves...

A la veille de Noël 2012, dans cette sublime chambre d’hôte de Bordeaux, le lendemain matin d’une baise mémorable et d’un cigare sur la terrasse, devant le miroir de la salle de bains, après la douche, pour le maquillage. XX se prépare, comme elle le fait tous les jours, avec dans cette répétition, des échos de magie: passer chaque jour de la fille à la femme, convoquer la femme, affirmer la femme, en plus de la fille, en plus de la mère. Dans ces petits gestes, se faire soi. Nue devant le miroir, dans le rituel de gestes répétés ne variant que dans l’infime (tel parfum plutôt que tel autre, tel crayon ou telle poudre plutôt que tel(le) autre, mais toujours, du parfum, des poudres, des crayons, des bijoux, du rouge à lèvres...), s’habiller la peau, s’habiller les yeux, les joues, les lèvres, voiler d’effluves une peau propre et douce, coder déjà, dans ces détails, ses humeurs, ses forces, ses faiblesses, ses désirs, ses envies, ses peurs... J’aime ce moment-là, d’elle. Même si je n’y suis pas physiquement, même si je n’encombre pas ce moment de ma présence, j’aime, même à distance, savoir que ce moment à lieu. J’aime la savoir, la deviner, l’imaginer, la rejouer, recollant les images volées gravées dans ma mémoire, dans mes narines, sur la pulpe de mes doigts, sur le bout de mes lèvres. J’aime la savoir nue, face à elle-même. J’aime la savoir passée maître dans l’art des codes. J’aime ce corps qui se pare d’invisible.

Mais plus que de l’imaginer, loin d’elle, absent pour travail ou par peur d’être inopportun, j’aime lui voler ces secondes et être de tous mes sens avec elle, le plus léger possible pour ne pas la déranger, dans ce moment d’éclosion, mais le plus présent possible, de tous mes sens... pour ne rien rater, ne rien ignorer des secondes qui passent. Parfois même, comme en cette bordelaise veille de Noël, prolonger mon regard d’homme de mon Can*n 60D, et voler ces secondes sans prix ! Les voler au temps qui passe. Les voler à la mémoire qui pourrait sinon les oublier, peut-être ne pas les rejouer à leur juste hauteur. Les voler à la vie qui les propose, l’air de rien, pour juste rappeler qu’elle peut tout reprendre, et que donc tout se goûte là, maintenant, sans attendre. Les voler enfin à l’adolescent, à l’adulte, à l’homme même que j’ai été, nourri de photos d’autres, pour oublier ses rêves qui ne venaient pas, pour oublier que ses rêves n’étaient que des rêves, pour oublier que des filles comme ça sont pour les autres...

Les voler. Comme on vole un trésor. Les voler. Comme on respire. Avec la même nécessité. Avec le même impératif. Parce que voilà... dans ces vols, il y a son consentement, dans ces vols il y a tous les matins passés et à venir, dans ces vols, il y a tout mon regard, amoureux, respectueux, prédateur, dans ces vols, il y a la preuve, oui, la preuve, de mes rêves réalisés.

XY.

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