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Double Je(u)
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31 octobre 2012

Salle de bains...

A mes heures, photographe. Je le dis, je le redis, si je me suis intéressé à la photographie, c’était pour comprendre ce qu’il y a derrière les émotions d’une (belle) photo de charme (remplacer de charme par érotique, pornographique, cochonne, coquine, légère, licencieuse, c’est égal). Bien sûr que les photos souvenirs me plaisent. Bien sûr que les belles photos, autres que de nue(s), me plaisent. Mais à tout moteur pré-existe un moteur immobile, une énergie première qui met en route et donne à la fois l’énergie de faire les efforts et la tonalité du chemin. Je me suis acheté et fadé des bouquins de photos. J’ai galéré sur des bridges avant d’oser m’offrir (poussé par XX ;-) on se demande pourquoi ;-) ) un réflex. Je mitraille souvent tout et n’importe quoi, pouvant prendre 797 photos d’une journée au parc animalier voisin, dont 213 sur le spectacle des rapaces, juste pour comprendre, maitriser, acquérir les réflexes... Façon de faire et refaire ses exercices de grammaire, ses arpèges, ses gammes, pour se débarrasser des lourdeurs techniques et en faire des automatismes. Pour ne plus laisser la place qu’à l’œil, qu’au regard, qu’au moment juste.

Même si le chemin est encore long, les questions nombreuses et les automatismes encore lointains, des choses sont d’ores et déjà possibles. Toutes simples. Comme de saisir ce moment là... Dans cette salle de bains qui est la notre, par l’entrebâillement de la porte jamais bien fermée, être le témoin de ce moment là, que l’on imagine anodin. Nous avons quoi ? Une femme, nue, certes, devant sa glace de salle de bain, se coiffant, à en croire la position levée des bras ? Oui. Et le “nue” ne suffit pas à en faire la force... Nue est un état, statique. Alors que là...

Là, regarder ou se raconter des histoires (c’est la même choses) est possible. Le temps se développe alors, au fil de ce regard qui vagabonde, ici ou là, dans le cadre de la photo, entre ce corps et ce décor. Une salle de bain, lumineuse, rangée, aux allures modernes, noyée dans un flou d’arrière plan, juste ce qu’il faut pour distinguer, sans que le décor n’empiète. En plein centre, ce sein sublime, sublimissime. De sa pointe, deux options. Laisser filer le regard vers le haut, remontant cette pente droite et douce jusqu’à l’inflexion de raccordement avec le buste, une pente douce matérialisée par cette ligne de crête, nette, que la lumière vient ourler pour mieux la marquer encore. Deuxième option, descendre. C’est un quart de rond presque parfait qui alors guide le regard, épuré par une ligne de crête nette et parfaite, optant pour le contraste avec le fond pour se dessiner.

J’aime déjà, ce simple moment, plein centre, et déjà, le temps passé à se dire tout ça, tout en goutant de l’œil. Le temps s’étirant. Le chemin du regard trahissant l’étendue, les détails et donc la qualité, sinon de la photo, pour le moins du moment ! L’exemple du sein se multiple. Les vallons onctueux du ventre, entre seins et sexe, se faisant ligne plus que droite, chaire plus que peau, femme plus que corps. Ou les épaules levées, créant des jeux d’ombres dans le dos, jusqu’au sillon vertébral, sombre d’ombre, jusqu’aux creux des reins, doubles, rajoutant à la profusion des motifs accrochant la lumière. Sous cette lumière, ni fesses, ni seins, ni chatte, mais juste un dos... et pourtant, une sensualité qui donne des frissons au regard qui s’attarde... dans ces variations, deviner la corpulence, la chaire, le souple, le doux, le chaud, le regard se mettant à comprendre ce que seules les caresses peuvent d’ordinaire appréhender. Les jeux de formes se cachent parfois, pour ne se livrer qu’au regard qui passe du temps, s’attarde et écoute, cherche, flâne. Hors cadrage, les fesses absentes s’invitent pourtant. Par leur naissance haute, juste en dessous des reins, courbure à peine saisie et déjà, en un si petit bout, évocatrice d’opulence, de générosité, de puissance... Mais aussi par le contrepoint caché aux mouvements alternés de la taille, ici de profil et pourtant, caressée de lumière absente, ombrée, marquée, fine, douce, et des hanches, elles aussi caressées de lumière, ici éclairées...

J’aime pouvoir faire d’elle des photos à la hauteur de mon regard. Pour qu’elle sache que, jusque dans les moments les plus simples de la vie, dans les moments les plus simples de son existence de fille, de femme et de mère, je la vois.

XY.

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